Les affranchis exercent, pour vivre, une profession quelconque. Ils sont ou cordonniers, ou tailleurs, ou charpentiers, etc. ; il en est cependant qui sont propriétaires ; on en voit même de fort riches, car il arrive quelquefois, mais très-rarement, qu’un blanc qui n’a pas d’enfant de sa femme légitime, reconnaisse et adopte, pour héritier de ses biens, tel ou tel de ses bâtards, et alors cet homme, devenu libre, compte parmi ses esclaves sa mère, plus ou moins de frères et de sœurs, et souvent de ses propres enfants.
Il ne faut pas croire que ces affranchis jouissent pour cela des droits du citoyen ; ils en supportent les charges, il est vrai, mais ils n’en ont point les privilèges. Ils paient des impositions ; ils servent dans la milice, où ils font un corps séparé des blancs ; mais ils ne peuvent parvenir à aucun grade et ne peuvent occuper aucune place dans l’ordre civil ; on leur refuse même le titre de Monsieur ou de Madame. On les désigne simplement par leurs noms, quelle que soit d’ailleurs leur richesse ; ils ne peuvent s’absenter de la colonie, pour leurs affaires, sans donner caution pour leur personne. Leur liberté consiste enfin à ne plus être sous la tyrannie et à ne plus craindre les châtiments ; c’est toujours quelque chose !