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résister à leur force dévastatrice ; ponts, digues, tout est entraîné ! malheur à qui se trouve sur leurs bords s’il ne fuit promptement ! Emporté par le torrent fougueux, déchiré par les pointes des rochers, il expire sans qu’on ose ou qu’on puisse lui porter secours, et bientôt on voit flotter à la surface de l’Océan son corps ensanglanté ou ses membres épars. Que de victimes de leur fureur ne compte-t-on pas chaque année parmi les négresses blanchisseuses, qui, pour ne rien perdre du linge de leurs maîtres dont elles redoutent les châtiments, s’exposent à mille dangers et trouvent enfin une mort cruelle au sein des eaux courroucées !

Pour que le phénomène de la descente des rivières ait lieu, il n’est pas toujours nécessaire qu’il pleuve plusieurs jours de suite dans les montagnes ; souvent une nuit, une matinée, une soirée pluvieuse, quelquefois même une soule averse suffisent pour le produire.

On peut comparer les torrents de la Guadeloupe à ceux des Dofrines, des Payas, des Alpes, des Karpathes, des Pyrénées et de toutes les montagnes enfin dont les cimes sont couvertes de glaces et de neiges éternelles. La fonte des neiges est à ceux-ci ce que les pluies sont à ceux-la. Mais comme la