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ÉVANGÉLINE

À l’aspect désolé de chaque appartement.
Sous le toit solitaire entraient rapidement
Les ombres de la nuit et les spectres livides :
Les fantômes du soir hantaient les chambres vides.
Le souper sur la table était encore entier
Et la flamme dormait sous la coudre, au foyer.
Sur l’escalier ses pas faiblement retentirent
Et de tristes échos à leur bruit répondirent.
De nuages épais le ciel était couvert.
Elle entendit frémir, près du châssis ouvert,
Le sycomore ombreux dont le riche feuillage
Crépitait sous la pluie et le vent d’un orage.
Déchirant le ciel noir, d’éblouissants éclairs
D’une horrible lueur firent briller les airs.
Le tonnerre roula de colline en colline.
Dans sa chambre, à genoux, la pauvre Évangéline
Se rappela qu’au ciel est un Dieu juste et bon
Qui voit tout l’univers s’incliner à son nom :