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ÉVANGÉLINE

Évangéline, émue à ces tristes discours,
Donna, pendant longtemps, à ses pleurs libre cours.
Elle voyait près d’elle une autre infortunée,
Une femme aux chagrins comme elle destinée ;
Un cœur brûlant d’amour déçu, blessé, flétri,
Et privé pour jamais de son objet chéri.
Les liens du malheur unirent ces deux femmes,
Et d’intimes rapports enchaînèrent leurs âmes.
La vierge d’Acadie à la femme des bois
Dit aussi ses douleurs et depuis quels longs mois
Bien loin de sa patrie elle était exilée.
Et la femme des bois, la figure voilée,
L’écoutait en silence, assise à quelques pas.
Ses yeux étaient de flamme ; elle ne pleurait pas.


Quand la vierge eut fini son histoire pénible
L’Indienne resta sombre, morne, insensible,