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ÉVANGÉLINE

Scintillaient vivement les étoiles paisibles,
Pensers du Tout-Puissant à tous rendus visibles,
L’homme n’admire plus ces merveilles de Dieu ;
Seulement, il a peur quand il voit au milieu
De ce temple étonnant qui s’appelle le Monde,
Passer une comète étrange et vagabonde,
Comme une main de flamme écrivant un arrêt.
L’âme d’Évangéline, humble et souffrante, errait
Dans les champs infinis où rayonne l’étoile,
Comme au milieu des mers une barque sans voile.
La vierge s’écria : « Gabriel ! Gabriel !
« Où mènes-tu tes pas ? Où te conduit le ciel ?
« N’entends-tu pas, ami, ma voix qui se lamente ?
« Ne devines-tu point que tu fuis ton amante ?
« Je te cherche partout, nulle part ne te vois !
« J’écoute tous les sons et n’entends point ta voix !
« Oh ! que de fois ton pied, solitaire et morose,
« A foulé ce chemin que de mes pleurs j’arrose !