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ÉVANGÉLINE
Au coucher du soleil, vers le grand cèdre noir
Dont les rameaux touffus lui servent de juchoir ;
Où, sur un tronc noirci, le hibou taciturne
Qui fait frémir les bois de sa plainte nocturne.
La lune se leva. Ses limpides rayons
Tracèrent, sur les eaux, de lumineux sillons ;
Coururent mollement le long de chaque branche
Qui parut se vêtir d’une écorce plus blanche ;
Glissèrent à travers le feuillage des bois
Qui formait des arceaux, des voûtes, des parois,
Comme à travers les ais d’un vieux mur en ruine
Glissent les fils d’argent d’une molle bruine.
La clarté de la lune aux différents objets
Donnait de grands contours et d’étranges aspects.
Tout parut se confondre en une masse grise ;
Tout sembla revêtir une forme indécise.