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solitaire déterre les racines qui croissent sur les berges, errent des troupeaux de buffles, d’élans, de chevreuils et de chevaux sauvages ; on y rencontre aussi des tribus éparses d’Indiens sauvages dont les exploits ensanglantent le désert, tandis qu’au-dessus, dans un ciel pur et cristallin, plane le vautour aux ailes majestueuses. Çà et là, des nuages de fumée indiquent au voyageur, toujours inquiet, le campement de ces sauvages maraudeurs.

C’est dans ce pays merveilleux, à l’aspect si varié, dominé par les monts Ozark, que Gabriel avait pénétré, accompagné de ses chasseurs et de ses trappeurs. De jour en jour, Basile et sa jeune compagne, sous la conduite de guides indiens, suivaient sa trace, sans avoir encore pu l’atteindre. Quelquefois, il leur semblait apercevoir, au loin dans la plaine, à travers la brume du matin, la fumée de son campement ; puis, lorsqu’ils arrivaient, ils ne trouvaient plus que des braises et des cendres éteintes. Cependant, quoique leurs cœurs fussent tristes et leurs corps fatigués, ils marchaient toujours en avant, guidés par l’espérance, et toujours la réalité s’évanouissait devant eux…

Un soir qu’ils étaient assis près de leur foyer, une femme indienne entra sans bruit dans leur modeste