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demander ; quelques heures de travail avec la cognée suffisent pour se procurer le bois nécessaire à la construction des maisons. Ici, une fois vos demeures construites et vos champs couverts de moissons jaunissantes, il n’y a aucun roi Georges pour vous arracher à vos foyers, mettre le feu à vos maisons et à vos récoltes, et vous dérober vos troupeaux et vos métairies. »

En parlant ainsi, le forgeron exhalait de ses narines un souffle de colère, et sa large main s’abattit violemment sur la table. Tous ses hôtes tressaillirent, et le Père Félicien, prêta prendre une prise, demeura stupéfait et comme immobilisé. Alors, l’honnête Basile poursuivit d’une voix moins âpre et plus joyeuse :

« Surtout, mes amis, gare la fièvre ! car celle-ci ne ressemble pas à celle de nos froides températures | acadiennes, dont on se débarrasse au moyen d’une araignée que l’on attache à son cou, captive dans une coquille de noix. »

On entendit alors une rumeur de voix à la porte ; les marches et le parquet de la vérandah résonnèrent du bruit des pas, de plus en plus rapprochés. Ces nouveaux venus étaient des créoles du voisinage et