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minée rustique. Derrière l’habitation, à partir de la porte du jardin, un sentier traversait des bouquets de grands chênes entrelacés de vignes, et allait se perdre dans les prairies fleuries qui s’étendaient à perte de vue.

Sur la lisière de la forêt et de la prairie, on apercevait, monté sur un cheval harnaché à l’espagnole, un homme portant des guêtres et un pourpoint de daim. Coiffé d’un sombrero qui ombrageait sa figure large et basanée, il contemplait d’un œil de maître cette scène tranquille. Autour de lui paissaient de nombreux troupeaux de vaches, aspirant les fraîches vapeurs qui s’élevaient de la rivière et se répandaient ensuite sur la prairie. Soulevant lentement le cor qui pendait à son côté, le pâtre, enflant sa large poitrine, fit entendre un son retentissant qui, dans l’air humide et calme du soir, fut aussitôt répété par les échos d’alentours. Les bêtes levèrent la tête, regardèrent quelques instants en silence, puis elles se précipitèrent en mugissant à travers les prairies, et disparurent bientôt dans le lointain.

En approchant de la maison, le pâtre aperçut, à travers la grille du jardin, Évangéline et le Père Félicien qui venaient à sa rencontre. N’en croyant pas ses yeux, il mit aussitôt pied à terre, et courut à