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évangéline

midi, rôdeur suave s’exhalant des épais berceaux de rosiers qui couvraient les îlots voisins, conviaient au repos les voyageurs, au moment où le bateau côtoyait ces rives charmantes.

Les rameurs, fatigués, s’arrêtèrent bientôt tout près de Wachita, le plus riant de ces îlots. Le bateau fut amarré sous les rameaux des saules qui ornaient ses bords ; puis, se dispersant sur l’herbe, les voyageurs, épuisés par leur fatigante course de nuit, se livrèrent au sommeil. Au-dessus d’eux s’étendait la cime verdoyante d’un cèdre, où les oiseaux-mouches voltigeaient au milieu des guirlandes de bignones et de vignes vierges entrelacées aux branches. Évangéline était toujours endormie sous le cèdre ; dans son sommeil, il lui semblait que, du ciel entr’ouvert, jaillissait sur son âme un rayon de lumière qui n’avait rien de terrestre.

À ce moment, à travers ces îles sans nombre, se montra une autre embarcation frêle et rapide qui, pressée par les bras robustes des chasseurs et des trappeurs qui la montaient, se rapprochait de plus en plus. L’avant était tourné vers le nord, vers le pays du castor et du bison ; un jeune homme, à la physionomie pensive et paraissant en proie aux soucis, était assis à la barre ; des cheveux noirs et