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évangéline

pêle-mêle, sur la plage, le mobilier et les outils des paysans.

Pendant tout le jour, les barques firent le trajet de la côte aux navires, et, durant le même temps, les chariots firent péniblement et sans trêve celui du village à la mer.

Vers le soir, au coucher du soleil, on entendit du côté du cimetière des roulements de tambour dont l’écho se répandit au loin dans la campagne. Les femmes et les enfants coururent aussitôt dans cette direction. Les portes de l’église s’ouvrirent tout à coup, puis les soldats sortirent, et derrière eux le lugubre cortège des villageois depuis longtemps prisonniers, et cependant, à cette heure, patients et résignés. Les jeunes gens marchaient au premier rang ; les vieillards fermaient la marche, pendant que les femmes suivaient sur le bord de la route. Tous se dirigèrent ainsi vers le rivage.

Évangéline attendait, silencieuse, à quelques pas de là ; le chagrin ne l’avait point abattue, et l’heure de l’épreuve la trouvait forte et résignée.

Cependant, lorsque le cortège se fut rapproché, et qu’elle eut aperçu le visage de Gabriel, pâle d’émotion, ses yeux se remplirent de larmes ; elle courut