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cria, d’une voix qui trahissait sa crainte. « Gabriel ! » Mais aucune réponse ne se lit entendre.

Enfin, la pauvre enfant retourna d’un pas lent vers la ferme toujours déserte, et désormais sans maître. Le feu couvait dans l’âtre, et le souper était intact. Les chambres vides et abandonnées avaient un aspect lugubre et terrifiant. Les pas d’Évangéline résonnaient tristement sur les escaliers et sur le parquet de sa chambre. Au milieu du silence de la nuit, elle entendait la pluie tomber avec bruit sur les feuilles flétries du sycomore qui se trouvait près de la fenêtre. Les éclairs sillonnaient la nuit sombre et la voix retentissante du tonnerre semblait lui rappeler la justice de Dieu. Alors elle se souvint de la légende racontée la veille par le notaire ; cette pensée ramena le calme dans son âme troublée, et elle s’endormit dans une pensée d’espérance et de résignation.