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le nom, une statue de bronze représentant la Justice se dressait au milieu de la place publique. Cette statue tenait de la main gauche les plateaux d’une balance, et de la main droite un glaive, ce qui signifiait que la justice avait sous sa garde les lois du pays, ainsi que les cœurs et les foyers des habitants. Les oiseaux, sans crainte du glaive qui brillait au-dessus d’eux aux rayons du soleil, avaient construit leurs nids dans les plateaux de la balance.

» Dans la suite des temps, la corruption se mit dans les lois du pays ; la force prit la place du droit, et les puissants opprimèrent les faibles. Il arriva alors qu’un jour un collier de perles fut perdu dans le palais d’un gentilhomme de la ville ; et presque aussitôt, les soupçons se portèrent sur une pauvre fille orpheline qui était servante dans la maison.

» Après un semblant de procès, la jeune domestique fut condamnée à périr sur l’échafaud, et elle subit avec résignation l’injuste sentence.

» À peine cette inique exécution était-elle accomplie, qu’un orage éclata sur la ville, le tonnerre frappa la statue de bronze, et arracha violemment les plateaux de la balance, qui vinrent se briser sur le pavé. Dans le creux de l’un de ces plateaux, on