auxquels il aimait à raconter les contes et les légendes des temps passés. Il leur disait : — l’histoire du loup-garou dans la forêt ; — celle du lutin qui venait la nuit apporter de l’eau aux chevaux ; l’aventure du blanc Letiche, fantôme d’un enfant mort sans baptême, et condamné à errer invisible dans la chambre des petits. Il leur disait comment les bœufs, la nuit de Noël, parlaient dans les étables, et comment l’araignée enfermée dans une coquille de noix guérissait les fièvres.
Il leur parlait du trèfle à quatre feuilles, au pouvoir merveilleux ; du fer à cheval, emblème de bonheur, enfin de tout ce qui faisait le fond des histoires racontées pendant les longues veillées d’hiver. Nul mieux que lui ne connaissait toutes les traditions du village.
Lorsque le notaire se fut assis, Basile le Forgeron se leva de son siège et vint à lui, après avoir secoué les cendres de sa pipe ; puis, étendant la main droite : « Père Leblanc, dit-il, tu as dû entendre les discours qui se tiennent dans le village ; ne pourrais-tu pas nous dire quelle est la mission des vaisseaux anglais arrivés dans le port ? »
À ces paroles, Leblanc répondit d’un air modeste : « Sans doute, j’ai entendu pas mal de bavardages ;