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au milieu des ténèbres, ils avaient observé le travail du soufflet, et lorsque les étincelles s’éteignaient dans la cendre, les deux enfants se mettaient gaiement à rire en disant : « Voilà les nonnes qui entrent dans la chapelle ! »

Il n’était pas rare non plus de les voir, en hiver, glisser à travers la prairie, sur des traîneaux, rapides comme l’aigle qui fond sur sa proie. D’autres fois, ils grimpaient sur les solives des granges, cherchant d’un œil ardent la pierre merveilleuse que, suivant une croyance populaire, l’hirondelle va recueillir sur le rivage de la mer pour guérir ses petits privés de la vue. Quel bonheur pour celui qui trouverait cette pierre enchantée !

Plusieurs années se passèrent ainsi, et déjà Gabriel et Évangéline n’étaient plus des enfants. Le fils du forgeron était devenu un robuste adolescent, et ses pensées, jusqu’alors indécises, avaient mûri. Évangéline était devenue une femme, et elle en avait déjà le cœur et les tendres espérances. Les villageois, dans leur langage imagé, l’avaient surnommée « Soleil de Sainte-Eulalie », voulant dire par là qu’elle apporterait dans la maison de son époux la joie et la prospérité, comme ce soleil répandait dans leurs vergers l’abondance et la richesse.