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était âgé de soixante-dix ans ; mais il était encore robuste et vigoureux ; ses cheveux, blancs comme la neige, faisaient encore mieux ressortir la vigueur de son visage bruni par les années. Sa fille Évangéline, âgée de dix sept ans, gouvernait le ménage ; ses yeux, noirs comme la baie de l’épine sauvage, étaient pleins de douceur. Cette charmante enfant était la joie et l’orgueil du village ; tous l’admiraient quand, modeste et souriante, elle allait, à l’époque brûlante des moissons, porter aux travailleurs, à l’heure de midi, la boisson réconfortante qu’elle préparait elle-même à la ferme. Le dimanche, lorsque la cloche appelait à la prière les habitants du village, Évangéline, vêtue de sa cape normande et de sa jupe bleue, avec ses pendants d’oreilles transmis dans la famille de génération en génération, descendait la rue du village, et tous l’entouraient de la plus affectueuse sympathie.

À l’église, lorsqu’elle était agenouillée, son missel à la main, plus d’un jeune garçon jetait les yeux sur elle comme sur une sainte vénérée. Heureux celui qui pouvait toucher sa main ou le bord de son vêtement ! La pureté de sa conscience brillait sur son visage, ombragé par une chevelure noire comme l’ébène, et qui semblait éclairé d’un rayon de bon-