descendait gravement la rue du village, et les enfants suspendaient leurs jeux pour venir baiser sa main toujours prête à les bénir ; les femmes et les jeunes filles se levaient à son approche et l’accueillaient avec des paroles d’affectueuse bienvenue.
À l’heure du crépuscule, les travailleurs, après une journée de labeur, regagnaient leur demeure, et avec le coucher du soleil, le repos descendait sur le village. Alors, la cloche de l’église sonnait l’Angelus, des colonnes de fumée, s’élevant du toit de toutes les maisons, annonçaient le repas du soir, et les familles, séparées tout le jour, se trouvaient réunies dans leurs modestes demeures, où régnaient la paix et le contentement. Ainsi vivaient heureux, et pour ainsi dire à cœur ouvert, ces bons paysans, unis par une mutuelle affection et exempts de toute crainte humaine. Dans ce pays, où régnaient l’amour et la charité, il n’y avait ni barreaux aux fenêtres, ni verroux aux portes ; on n’y connaissait pas la pauvreté, car les biens du riche venaient en aide à ceux qui étaient moins favorisés des dons de la fortune.
À quelque distance du village, plus rapprochée du bassin des Mines, se trouvait la belle propriété de Bénédict Bellefontaine, le plus riche fermier de Grand-Pré ; il vivait de son bien, secondé par sa