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évangéline

de riches vergers annonçaient la fertilité de ce pays, que limitaient au nord d’immenses forêts séculaires et de hautes montagnes, couronnées par les brumes qui s’élevaient de l’Océan, sans jamais venir assombrir le village.

Entouré de métairies riches et florissantes, au milieu d’une nature si parfaitement harmonisée, le petit village acadien semblait être l’asile de la tranquillité et du bonheur. Les maisons solidement bâties, avec leurs charpentes de chêne ou de châtaignier, leurs toits de chaume et leurs pignons formant auvent au-dessus de la porte, rappelaient celles des anciens paysans normands. C’était pour les Acadiens un souvenir de la mère-patrie, qui, malgré l’éloignement, leur était toujours chère.

Pendant les calmes soirées d’été, lorsque le soleil éclairait de ses derniers rayons les rues du village, les femmes et les jeunes filles, coiffées de bonnets blancs comme la neige, et vêtues de jupes aux couleurs vives et variées, s’asseyaient devant leurs maisons, où elles filaient le lin nécessaire aux besoins du ménage, tandis qu’à l’intérieur se faisaient entendre les métiers bruyants et les navettes agiles des tisserands.

Bien souvent, le vénérable pasteur de la paroisse