Page:Longfellow - Évangéline (trad. Poullin), 1911.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
105
évangéline

qu’une voix intérieure lui disait. « Enfin, tes épreuves vont avoir un terme ! »

C’est sous l’empire de cette pensée qu’elle entra dans la salle des malades.

Les gardes, soigneuses et vigilantes, allaient de lit en lit, humectant légèrement les lèvres des fiévreux, et fermant silencieusement les yeux de ceux que la mort venait de frapper.

Plus d’une tête se releva lorsque Évangéline entra, et la suivit longtemps du regard ; car, pour tous, sa présence était une joie, semblable à un rayon de soleil qui tombe sur les murs d’un cachot. En regardant autour d’elle, elle vit que, depuis sa dernière visite, la mort avait fait bien des vides ; que bien des visages de connaissance avaient disparu, déjà remplacés par des étrangers.

Tout à coup, elle s’arrêta comme saisie d’épouvante ; ses lèvres pâlirent et un frisson parcourut tout son être de la tête aux pieds ; ses doigts laissèrent échapper les fleurs qu’elle tenait à la main ; ses yeux et ses joues perdirent soudain leur éclat. Un cri s’échappa de sa poitrine, cri d’angoisse si terrible, que les mourants se soulevèrent de leur couche comme électrisés. Elle avait vu, devant elle, étendu sur un grabat, le corps d’un homme pareil à un