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évangéline

oiseaux dans la plaine et dans les bois, et Gabriel ne revenait toujours pas…

Un jour cependant — on était en été, — un bruit venu on ne sait d’où, se répandit dans la mission. Gabriel avait, dit-on, planté sa tente bien loin, vers le nord, sur les bords de la rivière Saginaw, dans les forêts du Michigan.

Alors Évangéline quitta son doux refuge, et, après de tristes adieux, elle partit avec des guides qui se dirigeaient vers les lacs du Saint-Laurent. Elle marcha bien longtemps ; elle eut à supporter bien des dangers ; enfin, elle atteignit les profondeurs des forêts du Michigan ; mais, quelle amère déception ! la hutte du chasseur était déserte et tombée en ruines !

La jeune Acadienne passa ainsi de longues années dans la tristesse et dans des recherches toujours infructueuses ; elle visita tour à tour l’humble tente des missionnaires moraves, les camps bruyants et les champs de bataille, les hameaux solitaires et les grandes villes ; semblable à un fantôme, elle arrivait et disparaissait, sans laisser nulle part même un souvenir.

Lorsqu’elle avait commencé ce long et douloureux voyage, elle était jeune et belle ; maintenant, elle