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qui, à l’arrivée d’Évangéline à la mission, sortaient à peine de terre, élevaient maintenant leurs tiges élancées entrelacées de feuilles, formant de véritables fourrés où le noir corbeau et l’agile écureuil trouvaient la table toujours mise. La moisson, époque de fêtes pour les jeunes filles, approchait ; en égrenant le maïs, elles saluaient de joyeux éclats de rire l’apparition des épis écarlates, présages de l’arrivée d’un ami ; seule, Évangéline attendait toujours, dans la tristesse et l’ennui, son fiancé qui ne revenait pas.

« Patience ! » lui disait le prêtre. Ayez confiance ! le ciel exaucera vos vœux. Voyez cette plante délicate qui élève sa tête au-dessus de la prairie, et dont les feuilles, guides du voyageur dans cet immense désert, semblables à l’aimant, se tournent invariablement vers le nord. C’est la fleur-boussole, image de la foi qui, seule, peut nous guider ici-bas, tandis que les fleurs de la passion, plus brillantes et plus parfumées ne peuvent que nous tromper et nous égarer. »

Ainsi l’automne arriva et passa ; puis l’hiver, et Gabriel ne vint pas… Les beaux jours du printemps reparurent ; on entendit de nouveau le chant des