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évangéline

un repas frugal, ils allèrent prendre quelques instants de repos sur des nattes et sur des peaux.

Lorsque Basile eut raconté son histoire au prêtre de la mission, celui-ci répondit d’une voix doucement émue ; « Il y a six jours que Gabriel était ici, et qu’assis près de moi, sur cette natte où repose maintenant la jeune fille, il m’a fait le même récit que je viens d’entendre ; puis il s’est levé et a continué son voyage, »

Évangéline écoutait attentivement ces paroles, toujours partagée entre la crainte et l’espoir.

« Il est allé bien loin, vers le nord, poursuivit le missionnaire ; mais, lorsque l’automne sera venu et que son expédition de chasse sera terminée, nous le reverrons à la mission. »

Alors, Évangéline dit d’une voix humble et résignée :

« Permettez-moi de rester ici, car le chagrin et la tristesse sont dans mon cœur. »

Tous approuvèrent cette idée qui fut trouvée sage et juste. Le lendemain, de bonne heure, Basile, ses compagnons et ses guides reprirent le chemin de leur village, laissant Évangéline à la mission.

Cependant, les jours, les semaines et les mois se succédaient avec une monotone lenteur. Les maïs