Page:Londres - Terre d'ébène, 1929.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
TERRE D’ÉBÈNE

man, et tes histoires ne me regardent pas, mais ta mosquée dégringole. Mahomet ne doit plus savoir que dire à Allah ; ne penses-tu pas qu’il faudrait la retaper ?

Le cadi le pensa.

Aujourd’hui, tout Tombouctou travaille à la mosquée. Le tam-tam, en permanence, excite les replâtreurs. Les femmes, les belles sonraïs, rachetant leurs péchés, portent l’eau ; les hommes, les boules de banco ; les vieillards, appuyés sur leur bâton, encouragent du bras et de la voix. Ce sera magnifique. Plus une ville compte de pécheresses, plus les temples sont riches.


Qu’ont donc les blancs contre la cité fameuse ? Tous y sont allés pour y voir le mystère, et paraît-il, ne l’ont point vu. Le mystère ne se voit pas, mes amis, il se sent. Il s’exprime sans voix comme un sourd-muet. Il y en a plein les ruelles désertes. Vous n’avez donc pas assisté à l’Azalaï ? C’est au mois de mai. Les caravaniers viennent des mines de Taoudeni ; ils apportent à Tombouctou le sel qui salera le Soudan, la Haute-Volta, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Gold Coast, l’intérieur et toute la côte ! On voit déboucher du Sahel douze mille, treize mille chameaux. L’arrivée seule dure deux jours, trois jours. C’est le désert qui marche sur des échasses.