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TERRE D’ÉBÈNE

vous ne voyez personne dessus, c’est que les habitants viennent de passer au travers !

Tombouctou ! brûlant labyrinthe !

À part la place où nous avons élevé nos six ou sept bâtiments, bâtiments semblant délimiter une vaste piscine où l’on ne prendrait que des bains de sable, le reste est couloirs se soudant mal les uns aux autres, bien plus souvent cagneux que droits, ou les bandits, s’il en était, vous attendraient tous les cent mètres dans une confortable encoignure.

De la terre mise en cube, voilà les maisons, le cube percé d’une entrée basse, et les fenêtres portant en tête, comme une noblesse, des bois sculptés.

C’est aussi un marché. C’est la ville sans race. Ici, ce ne sont plus les blancs qui ont laissé leurs métis, mais les Arabes, les Touareg, les tout-noirs. C’est un creuset. Après des mois de désert ou de longue montée sur le Niger c’était la cité du plaisir, la nuit attendue des caravaniers.

Tombouctou est encore cela. Salut !

Voici la mosquée et son cône transpercé de bouts de bois comme les joues d’un fakir le sont d’aiguilles.

On la répare. Elle tombait ainsi que tout ce qui est boue, ainsi que la ville…

L’autre jour, le commandant Févez fit appeler le cadi :

— Écoute, lui dit-il, moi je ne suis pas musul-