Page:Londres - Terre d'ébène, 1929.djvu/95

Cette page a été validée par deux contributeurs.
93
TERRE D’ÉBÈNE

de Locarno et qu’il soit pacifique ? En tout cas, pour qu’il ne se trompe pas, j’ai garde en avançant vers lui de prendre une allure cavalière. C’est un cheval arabe par-dessus le marché ! Je ne tiens pas à aller vite. Ne peut-on lui entraver les pattes ? Il paraît que cela n’est pas possible. L’animal a l’air d’être en possession de tous ses moyens ! Il n’y a donc pas d’ânes à Kabara ? Enfin ! il n’est pas excité ! Heureusement que les chevaux ne boivent que de l’eau !

Pas de route pour aller à Tombouctou. On chevauche à travers les arbres comme un dieu sylvestre. Étrange dieu ! portant des lunettes noires et, sur la tête, une cloche de liège. Les branches des arbres vous piquent, vous regardez ce qu’elles ont : des cure-dents ! Dans ce pays qui ne vous offre rien à manger, les arbres ont des cure-dents ! Les eaux du Niger étant hautes, elles se promènent dans la forêt. Bonnes eaux ! Il semble qu’elles s’étendent le plus qu’elles peuvent pour tâcher, une fois par an, de donner à boire au désert. En tout cas, un marigot barre le chemin, il faut descendre de cheval. Autant de gagné !

La bête est dessellée. On met la selle sur son bras. Un tronc d’arbre creusé vous porte sur l’autre rive. Vous y êtes. Dix mètres d’eau vous séparent maintenant du cheval. On est déjà content. On lui fait de loin des petits signes narquois ;