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XI

TOMBOUCTOU !

Et le pèlerinage va s’accomplir. Un nom sonne dans cette immensité. De noirs en noirs le Soudan est traversé. Le pays des moins heureux des hommes nous a dit un peu ce qu’il était. Les laptots nous font avancer sur le Niger. Ils pèsent de toutes leurs forces sur leur perche, s’encourageant du chant de leurs plaintes, pour que le blanc, ce dieu visible, soit satisfait.

Il ne nous semble plus, maintenant, que nous ne percions que de l’ombre. Le noir nous a parlé, la brousse s’est éclairée. Tombouctou va apparaître.

Ce peuple qui n’a rien — rien — a donc tout de même quelque chose ? Il possède donc une ville qui porte un nom ? Pauvre comme il est, il tient donc à faire un cadeau à notre imagination ? Nous ne le dédaignerons pas. Nous montons le chercher. Demain, nous replongerons dans sa misère. Nous le verrons de nouveau tout nu, sans défense, avec ses yeux d’animal domestique ; aujourd’hui soyons à