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TERRE D’ÉBÈNE

— Alors, ils disent que le frère lui doit une indemnité.

— Qu’en pense le coupable ? demandai-je.

— Le coupable dit qu’il reconnaît avoir causé un dommage à son frère. Il dit que tu peux le condamner, qu’il est rempli de regrets comme le poisson l’est d’arêtes, mais que la femme de son frère ne lui plaisait pas !

Cela coûta trois cabris à ce délicat-là !

On continua. Il entra encore une femme et deux hommes. Il s’agissait d’adultère. Le mari, la femme et le n’amant. Le mari était vieux, mais il avait un magnifique boubou ; la femme était Peuhl et portait sans voile une belle jeunesse. Le n’amant était pauvre : une ficelle, un peigne en fer.

Le mari dit :

— Mon femme a couché dix fois avec lui. Je demande cent francs.

— Il veut aussi le peigne en fer, dit l’interprète.

— Demande à la mousso si c’est vrai.

— Elle dit que c’est vrai.

— Demande-lui pourquoi elle a fait ça.

La mousso roucoula et, la tête baissée, parla entre ses seins.

— Elle dit que lorsqu’il n’y a plus de mil dans sa case, on va en chercher ailleurs.

— Bien dit ! fit le commandant. Et le n’amant, qu’est-ce qu’il dit ?