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TERRE D’ÉBÈNE

un dégoûtant, un immonde saligaud, un vilain grand cochon, qui a fait pipi en plein midi sur la belle place publique.

— Dites donc, parce que votre casque est le plus sale que j’aie encore aperçu, est-ce une raison pour vous payer la tête d’un étranger ?

— Allez au diable ! fit-il.

Il disparut.

Je me présentai chez le commandant.

— Est-ce vrai, lui dis-je, que votre aboyeur crie : « Voilà un dégoûtant qui a fait… » ?

— Oui, c’est vrai. Ils sont très orgueilleux et cela les vexe.

On ne devait pas s’ennuyer à Niafounké. Je m’arrêtai là. Justement, c’était jour de tribunal.

La physionomie de la résidence était réglementaire. Une centaine de noirs attendaient, assis devant la maison. Toutefois, il me sembla remarquer du nouveau. Sous la véranda, un banc ; sur ce banc, cinq nègres, de toute évidence supérieurs aux autres. C’étaient des chefs de canton en retenue ! Il paraît qu’ils se saoulaient, qu’ils manquaient d’autorité. Le dieu de la brousse leur avait « collé » huit jours de piquet ! C’étaient cinq préfets en bonnet d’âne ! Sacrée Afrique !

La justice en brousse n’a pas de palais. Elle n’a pas de juges non plus. Elle pourrait avoir un