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TERRE D’ÉBÈNE

— Alors il va retourner à San illico. Il y a justement ce sac à porter au commandant.

L’interprète met le sac sur la tête du citoyen de San.

— Toi comprendre, qu’il lui dit. Toi porter le sac au commandant de San, toi courir.

Le nègre demeure ahuri.

— Si toi pas content, toi la boîte !

La boîte ! tous les noirs connaissent ce mot.

— Moi content ! fait-il.

Sous la charge, il reprit son pied la route pour une nouvelle petite promenade de trois cents kilomètres.

Nous avions remarqué une femme, dans le tas.

— Fais venir la mousso, Béma.

Si l’on admet qu’une bande de calicot sur les hanches et qu’une calebasse sur la tête ne constituent pas un vêtement, la mousso était nue. Elle était jeune aussi. Elle venait de Ké à douze jours d’ici.

— Avait-elle de l’argent ? demandai-je.

— Elle dit qu’elle n’avait pas d’argent.

— Comment a-t-elle voyagé ?

— Elle s’arrêtait tous les soirs dans un village, elle descendait sa calebasse. On la lui remplissait. N’est-ce pas ? Comment s’appelle-t-elle ?

— Kisili.

— Et quand le chef du village n’était pas trop