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TERRE D’ÉBÈNE

mère, qui sont noirs, ne sont pas leurs frères ; les fils de leur père qui sont blancs ne sont pas leurs frères. C’est peut-être pour cela, parce qu’ils ont tant cherché à comprendre, qu’ils ont tous de si grands yeux ?

Ceux dont le papa a disparu et qui n’ont rien fait à l’école, on les retrouve dans les villages. La mère est devenue vieille. Ce n’est qu’une négresse dans le pays noir. L’enfant, lui, n’est qu’un prénom. « Tiens ! dit un blanc qui passe, c’est le fils d’Un Tel ! » Il lui donne dix sous.

Si c’est une fille et qu’elle soit jolie, les blancs la connaissent à la ronde. On lui donne cinq francs !

Il en est de plus fortunés. Joseph a son papa. Il mange tous les soirs avec lui, à table, à côté de moi chez la mère Vaisselle. Son papa est acheteur de cacao. Joseph est connu des habitués. On le caresse en passant. À neuf heures, l’acheteur de cacao va le coucher. Joseph est heureux, il ne sait pas encore qu’il y a des bateaux qui ramènent les papas blancs en France !

Plus tard les mâles seront instituteurs et les filles sages-femmes. L’instituteur et la sage-femme se marieront ensemble. Les noces sont parfois magnifiques quand la sage-femme est la fille du gouverneur…