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TERRE D’ÉBÈNE

avaient acheté leurs femmes, ils venaient les leur reprendre. Bref ils retrouvaient le troupeau et d’un coup de chicotte, au nom des dieux locaux, ils inculquaient aux ingrats, en quelques cinglées, l’horreur du changement et le respect des traditions.

La France fit mieux : elle posta des sentinelles autour des villages de liberté pour empêcher les libérés de retourner à l’esclavage ! Elle n’alla pas plus loin !

On en rencontre encore, de ces paradis. Ils ressemblent à des champs de termitières. Les cases sont devenues des tas de boue. Dans l’un d’eux, près de Kita, à Dyambouroubourou, il n’y avait plus qu’un vieux… L’enfant de la liberté était courbé comme le charbonnier quand il atteint le sixième étage, ses cinquante kilos sur le dos !…

L’Afrique est encore captive. Pour un homme libre il est quinze ouolosos. Dans la vie nègre, ces ouolosos ne sont pas fortement malheureux. Ils vont chercher l’eau, ils cultivent le lougan, et quand le propriétaire ne sait plus comment les employer, il dit à chacun : « Va-t’en pour six mois, débrouille-toi pourvu que tu me rapportes ton impôt. » En principe, ils travaillent quatre jours pour le maître ; les trois autres jours, ils s’étirent, grattent leurs pieds, se caressent le ventre. Mais ce ne sont là que détails ; nous sor-