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TERRE D’ÉBÈNE

autres animaux. Le chef les abrite, les nourrit. Il leur donne une femme ou deux. Les couples feront ainsi de petits ouolosos.

Autrefois, ils étaient captifs de traite. Quand les nations d’Europe ont supprimé la traite (officiellement), ont-elles du même coup supprimé les esclaves ? Les esclaves sont restés où ils étaient, c’est-à-dire chez leurs acheteurs. Ils ont simplement changé de nom : de captifs de traite ils sont devenus captifs de case ; ils naissent Ga-Bibi, ainsi que l’on appelle les petits des serfs. Ce sont les nègres des nègres. Les maîtres n’ont plus le droit de les vendre. Ils les échangent. Surtout ils leur font faire des fils. L’esclave ne s’achète plus, il se reproduit. C’est la couveuse à domicile !


La France tâta d’une solution. Vers 1910, elle fonda, au Soudan, des villages de liberté. Nos envoyés parcouraient la brousse, recrutant, cette fois, non pour l’armée, mais pour le principe. Nous ramenions du gibier de ces tournées démocratiques. Nous le parquions dans nos villages. Vous pouvez penser combien les nègres s’amusaient à contempler le buste de la République ! On leur donnait des graines ; ils les mangeaient au lieu de les semer. Ceux qui arrivaient à vivre ne cherchaient, à leur tour, qu’à posséder des captifs. Les anciens chefs n’étaient pas contents. Ils leur