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VI

LE MOTEUR À BANANES

Des noirs des deux sexes travaillaient sur la route. Pliés en deux comme s’ils attendaient le partenaire pour jouer à saute-mouton, ils la tapaient avec une latte. Cela faisait deux rangées, une d’hommes, une de femmes, les femmes vieilles et laides, la peau ratatinée sur le squelette. Évidemment, elles ne pouvaient plus servir… qu’à la route.

Sur le bord de la chaussée, un orchestre : trois tambourins et un flûtiau. Pour donner la cadence aux cantonniers, les musiciens scandaient un air qui montait et descendait en quatre temps, sur quatre sons, du lever du jour à son coucher. Un chien pacifique en serait devenu enragé !

Une autre équipe allait et venait, des pierres sur la tête, les uns n’en portant qu’une, les autres trois ou quatre, dans une petite corbeille, une corbeille pour une douzaine d’œufs !

Du chantier au tas de pierres, cinq cents