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TERRE D’ÉBÈNE

des Nations, l’an dernier, quand ces Messieurs passèrent par ici. Ils auraient emporté une riche idée de la figure de la France sur les rives du Niger ! Tartass était là. Tout fut sauvé. Je suis content, bien content !


C’était un homme mastoc, court sur pattes, fort en mollets, avec une figure comme un derrière de jument. Il avait un pantalon de cheval, mais pas de guêtres, une vareuse officier ; de plus, à trois heures de l’après-midi, il était arrivé au buffet de Bamako sans lunettes, sans casque et à bicyclette ! Maintenant je me souvenais. L’homme m’avait été signalé.

— Vous allez au Soudan ? Alors, vous verrez Tartass ? Jusque sur le bateau, Tartass était célèbre.

— Il y a coiffeur et coiffeur. On connaissait déjà le coiffeur de ville et le coiffeur de campagne. J’ai inventé le coiffeur colonial ! Qu’est-ce que c’est ? Un homme qui digère bien, qui sait d’où vient la fièvre, qui la guette et la tue et qui est satisfait du climat. Je n’ai pas de boutique. Je suis le coiffeur à bicyclette, autrement dit le coiffeur à pédales. On me téléphone, une voix dit : Tartass, montez à Koulouba tailler les cheveux de M. le gouverneur. » En selle ! En selle ! Cinq kilomètres de côte. Tartass arrive à Kou-