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TERRE D’ÉBÈNE

fiacre. Ah ! le mal poli ! Il venait chercher l’un de ses concitoyens pour l’emmener chez le commandant. Le concitoyen ne voulait pas le suivre. Alors, subitement, il lui appliqua une paire de gifles dont à dix pas je sentis le vent. L’autre ne lui sauta pas dessus. Il ne bougea même pas. Le nègre reçoit des gifles comme si cela lui était dû ! Ses deux femmes continuèrent de piler le mil, son chien de s’épucer.

Service-service ! vociférait le tirailleur.

Dès que le noir représente l’autorité, il est féroce pour ses frères. Il les frappe, saccage leur case, mange leur mil, ingurgite leur bangui, exige leurs filles. La chéchia a de belles vertus sur les bords du Niger !

La nuit tombait. Je me dirigeai vers le Soudan-Club. J’avais soif. Je comprenais pourquoi l’on avait inventé les verres coloniaux ! Les papilles sont toujours en détresse dans ce pays.

— Savez-vous ce que signifie Bamako ? me demanda un blanc une fois que je fus installé et sans qui je n’aurais pas bu, car celui qui n’est pas du Soudan-Club a juste le droit de mourir de soif ; cela veut dire l’affaire du caïman.

— Ah ! fis-je, le nez déjà au fond de mon verre.