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TERRE D’ÉBÈNE

L’enfant est vêtu d’une veste d’européen, la veste se gardant bien de descendre jusqu’à l’endroit de la bienséance. Le femme ferme le cortège. Comme pagne un paquet de feuilles. C’est elle la voiture de déménagement. Un échafaudage est en équilibre sur sa tête : trois calebasses, des poissons fumés dont les queues dépassent, une bouteille vide, deux bancs, six rations de manioc, le tout couronné de la chéchia maritale. Dans le dos, maintenu par un vieux calicot, à la place où l’on met les bébés noirs, un tout petit chat, qui miaule, tourné vers le pays que la famille abandonne.

Voici le porteur de dépêches, nu et sérieux. À la main, il tient un morceau de bois. Au bout de ce bâton, la dépêche est insérée dans une fente. Il ne porterait pas le Saint-Sacrement avec plus de précaution. S’il va loin ? À cent kilomètres… Sous le nez des Européens qu’il rencontre, il met son petit bâton. Les blancs lisent l’adresse et font non de la tête. Il trouvera le destinataire. Après ? Il reviendra.

Nous sommes sur la grande voie qui mène au Niger. Elle est fréquentée. Pourquoi ces longs voyages ? Pour tout et pour rien ! À ce grand-là, on a volé sa vache ; il va conter son malheur au commandant. Trois jours de route. Le commandant lui donnera un papier avec le tampon. Il