Page:Londres - Terre d'ébène, 1929.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.
28
TERRE D’ÉBÈNE

toujours en marche ? Loin. Très loin. Un voyage d’une semaine n’est pour eux qu’une affaire très ordinaire.

Ils marchent comme nous respirons.

Les hommes marchent, les femmes marchent, les enfants marchent, d’une jambe courageuse, d’un cœur sans détour. Toute l’Afrique marche au lever du jour : Dioulas (colporteurs) qui descendent du sel de Tombouctou et qui remontent des noix de kola de la Gold Coast. Naïfs qui traversent le Soudan de bout en bout pour une affaire d’héritage, une affaire de femme, mais surtout une affaire de rien du tout. Village qui s’en va sur les pieds de ses mâles, de leurs épouses et progénitures, porter le coton au commandant. En mouvement depuis deux jours, le village s’arrêtera demain matin. Ceux dont le coton ne sera pas bien trié iront à la boîte. Tous marchent, leur sac de trente kilos sur la tête, sans grogner jamais, ni penser à mal.

Voici sept prisonniers, en file indienne, liés par une corde qui leur tient au cou. Ces sept têtes semblent sept gros nœuds faits à cette corde. Je saurai plus tard qu’un tirailleur les accompagne, bien plus tard, le tirailleur étant cinq kilomètres en avant ! Ils suivent !

Plus loin un milicien, son femme, son enfant. Le milicien précède, ne portant que son fusil.