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TERRE D’ÉBÈNE

Ah ! la barre s’en fiche ! Elle chasse les hommes qui veulent aborder. S’ils insistent, elle les renverse. Ainsi se tient l’Afrique sur le seuil de sa porte pour recevoir ses visiteurs.

Nous avons laissé le Sénégal, colonie aux urnes, royaume de Blaise, les dix mille citoyens des quatre communes de plein exercice, exercice de prestidigitation, de boxe et de savate ! Voici les noirs, les vrais, les purs, non les enfants du suffrage universel, mais ceux du vieux Cham. Comme ils sont gentils ! Ils accourent de leur brousse pour vous dire Bonjou ! Ils agitent leurs bras avec tant de sincérité, un sourire vernit si bien leur visage que c’est à croire que nous leur faisons plaisir à voir. Ils vous regardent comme si dans le temps ils avaient été des chiens à qui vous auriez donné du sucre. Parmi eux, on se sent une espèce de bon Dieu en balade.

Leurs villages ne sont pas les uns sur les autres. Ils apparaissent clairsemés dans le grand continent. De petits tas par-ci et par-là, avec des centaines de kilomètres entre le ci et le là ! Le noir est un peuple qui ne pousse plus.

Hommes et femmes se tiennent tout nus avec infiniment de pudeur. Des femmes, parfois, croisent leurs bras sur leur poitrine quand vous les rencontrez, mais ce sont les vieilles !

Ils vont leur « pied la route ». Où vont-ils