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TERRE D’ÉBÈNE

réveilleraient, pour de bon, d’un sommeil aussi coupable.


Enfin, le dixième jour, je touchai le village de Brazzaville. Brazzaville n’est qu’un village. En face, de l’autre côté du Congo, il est une ville, une ville moderne vivante, une ville, quoi ! Elle s’appelle Kinshasa… mais elle est belge !

Une paix lourde enveloppait Brazzaville. Lentement, le Congo descendait, pour aller se briser sur ses chutes. Une statue géante dominait un plateau. C’était celle de l’évêque guerrier, Mgr Augouard, qui scrutait le pays. Je cherchai Brazza ; Brazza n’y était pas. La France l’a oublié ! Deux cents Saras, dormant debout sur leur pelle, travaillaient à la future gare. Un « pousse » silencieux passa sur son unique roue. Je le pris et je dis : « Va ! » Les deux hommes-chevaux me conduisirent vers le fleuve. Je vis que le port n’était qu’un sentier à pic tranché dans un remblai. Deux chalands à dos rond constituaient notre flotte. Le « pousse » repartit. Devant un bâtiment officiel, des femmes et des enfants nègres venant de quatre-vingts kilomètres, déposaient des charges de manioc, enveloppées de feuilles de bananier : le ravitaillement pour la « machine ». Brazzaville était dispersée et morte. Une légère côte se présenta, le « pousse » ralentit. Soudain, une automobile apparut. Dans ce