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TERRE D’ÉBÈNE

alors, vous ferez comme nous, vous tournerez en bourrique ! Pour moi, je n’en ai plus écrit à ma mère depuis six mois ! C’est comme ça ! Mais puisque vous débarquez, peut-être pourrez-vous nous dire le nombre de kiosques entre la Madeleine et l’Opéra, sur le trottoir de droite ? Moi je dis quatre !

— Trois ! trancha le voisin.

J’affirmai que passant sur le trottoir de gauche, je ne savais pas.

Le Pétruquet s’assit avec nous et vanta notre sort.

— Messieurs, disait-il, les pays c’est comme les métiers, plus ils sont sales, plus ils enrichissent.

— Plus ils enrichissent les Pétruquets ! Encore ce phare ! On en devient fou. Apporte du champagne en attendant que le chemin de fer soit fini.

Fatigué, l’homme avait laissé tomber sa tête :

— Soit fini ! répétait-il amèrement. Soit fini !


Deux jours plus tard, j’eus mes porteurs. De Pointe-Noire j’allais gagner Brazzaville et voir comment on construisait le chemin de fer. Cinq cent deux kilomètres en perspective. Les soixante-dix-sept premiers iront tout seuls, la voie est posée, le train roule, il arrive à l’entrée du Mayombe, qui est une bien grande garce de forêt tropicale. À travers elle, de tout temps, a passé le fameux