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TERRE D’ÉBÈNE

qu’un peu de cette richesse prendra aussi le chemin de France !

Pour l’heure, Pointe-Noire a surtout un phare, un hôpital et une douane. Tout ce qu’il faut pour attirer les voyageurs ! Le jour où la terre ne comptera plus qu’un homme, ce sera d’ailleurs un douanier !

Autour de l’abri du Pétruquet, les pionniers vivent sous le phare. Ils parlent de Paris, ce qui prouve que le moral est bas. Dès que deux coloniaux discutent sur le nombre de kiosques plantés entre la Madeleine et l’Opéra, c’est que le cafard est en bonne santé ! Le phare tourne, le cafard tourne, le phonographe tourne. Seul, l’air est immobile !

— Monsieur vient pour le chemin de fer, me dit le Pétruquet, Monsieur aura une chambre, Monsieur aura une lampe-tempête, Monsieur aura toutes les liqueurs françaises : du champagne, du…

— Pose-donc plutôt des volets à tes chambres, fait un colon, on ne peut fermer l’œil, avec ton phare !

— Mon phare ? Le phare de la France, le phare du grand port de l’Afrique centrale !

Les consommateurs éclatèrent de rire.

L’un m’attaqua :

— Monsieur, cher collègue, je ne sais ce qui vous attire ici. Peut-être aimez-vous ce qui tourne,