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TERRE D’ÉBÈNE

— Bonjou, Molobali !

— Bonjou, Suliman !

— Bonjou, Koukouli !

— Bonjou, Poincaré !

Il y a beaucoup de Poincaré. Il y a des Herriot, des Kodak, des Citroën, des Painlevé, des Urodonal, noms que l’on voit écrits en grosses lettres sur les journaux de France !

— Bonjou, Samaritaine !

Les dioulas (colporteurs) leur vendent des noix de kola. Le noir mange des noix de kola comme nous du pain. Il s’en nourrit. Cela lui détraque le cœur. Il en meurt. Voilà vingt Sénégalais qui s’apprêtent à participer au grand mystère de la traction à vapeur : qui vont prendre le train. Ils montent à l’assaut du wagon. C’est une charge irrésistible. Ceux qui détiennent les places les reçoivent, arc-boutés, et les renvoient sur le quai les quatre fers en l’air. En proie à la colère, les vaincus lancent leurs baluchons dans le compartiment. Les voyageurs qui sont assommés ne bougent plus. Les autres jurent par tous les sorciers. Un sombre pugilat sort de là. Un blanc arrive et tape dans le tas. Tout va bien si celui qui reçoit les coups n’est pas un électeur. Autrement, la grande scène du défi commence :

— Ti m’as frappé ? Ti m’as ansourté (insulté) ?