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TERRE D’ÉBÈNE

vapeur chauffait au bois, les escarbilles, traitement préventif, leur faisant sur la peau de salutaires pointes de feu !

Et c’était Brazzaville. Sur trois cents, il en arrivait deux cent soixante, parfois deux cent quatre-vingts ! Là ? Eh bien ! ils restaient sur la berge ! On n’avait pas encore prévu de camp. On pensait bien à cela en ce moment ! Les sommeilleux piqués par Antonetti étaient trop occupés à se frotter les yeux. Tout participait encore de la confusion des songes.

Les survivants reformaient le troupeau. La course à pied allait commencer. On avait choisi les plus beaux hommes, au début. La bête était bonne, et ne flanchait qu’à la dernière minute. Et les capitas, sans trop grand danger, pouvaient éprouver la solidité des peaux. Quant à celle des pieds, personne n’en doutait.

Ne pouvait-on procéder d’une autre manière ? Si.

La sagesse, la juste compréhension de l’effort à fournir eussent commandé de mettre ces hommes sur le chemin de fer belge, ensuite, arrivés à Matadi, sur un bateau français, moyen qui les eût, en trois jours, amenés « aux Batignolles », c’est-à-dire à Pointe-Noire, bout de la « machine ». Non ! ils iraient à pied ! On ne comptait qu’avec le temps et non avec la vie. Trente jours de plus n’étaient