Page:Londres - Terre d'ébène, 1929.djvu/226

Cette page a été validée par deux contributeurs.
224
TERRE D’ÉBÈNE

La vieille, de ce cri accompagnait notre marche.

— Y va au cimetière ! au cimetière ! au cimetière !

— Voyez-vous, fit Rass, le nègre ou c’est à protéger ou c’est à étrangler !

La promenade était pénible. On n’éprouve aucune volupté à se dégourdir les jambes dans ce pays. J’aurais bien voulu m’asseoir quelque part, et boire, boire. On allait au cimetière.

— Je n’aurais pas dû descendre, disait Rass, maintenant elle m’attire, je vais encore où elle veut. Demandez à tous ceux qui ont eu des Gabonaises, demandez ! Je l’aurais très bien emmenée en France.

On arriva à la terre des morts. Rass chercha sa tombe. Il avait bien fait poser des briques autrefois, mais les tornades avaient dû arranger la chose à leur manière…

Il trouva le lieu où dormait son Équatoriale. Je m’accroupis sur une tombe voisine.

— Elle n’était pas née sur le littoral mais dans la forêt, rêvait-il tout haut.

Il garda pour lui le secret de cette différence.

Comme j’avais l’air fatigué :

— Nous avons fait beaucoup de chemin pour venir la voir au cimetière, elle en avait fait davantage quand elle vint me trouver dans l’Oubangui-Chari.