Page:Londres - Terre d'ébène, 1929.djvu/203

Cette page a été validée par deux contributeurs.
201
TERRE D’ÉBÈNE

ville d’Afrique ne peut être comparée à celle-là. Ce n’est ni un amas de cases ni une cité européenne. De tous les noirs les Dahoméens sont les plus civilisés. Les premiers, il y a de cela bien des siècles, ils furent au contact des blancs. Leur côte, qui s’appelle côte des Esclaves, dit par son nom même qu’elle fut l’endroit où les traitants avaient d’abord installé leur marché. Le voyage des aïeux dans les Amériques ouvrit l’esprit des fils. De la vie primitive ils s’élevèrent peu à peu jusqu’à la vie de société. Ils se découvrirent le goût du commerce. Le commerce créant des obligations, ils bâtirent des villes. Porto-Novo fut tracée et construite par eux. Les Dahoméens sont les seuls indigènes de l’Afrique Française qui se soient mis dans leurs meubles.

Le marché de nuit battait son plein. Le goût du négoce est, ici, poussé si loin qu’achats et ventes ne s’arrêtent pas au coucher du soleil. Les trafiquants tiennent boutique en plein air jusqu’à onze heures du soir. Des centaines de veilleuses, de lampes à pétrole ou de chandelles brillent au ras de terre. De loin on croirait un champ de grosses mouches à feu. C’est très joli. Je regardais ce spectacle quand une poussée du peuple se produisit. Aux parapluies et aux flambeaux je reconnus le cortège du Roi de la Nuit. Sa Majesté rentrait chez elle. Je me rangeai. Justement le Zou-