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TERRE D’ÉBÈNE

Il convenait de faire sa connaissance.

— Quand voulez-vous le convoquer ? me demanda M. Fourn, non seulement gouverneur du Dahomey, mais un peu Dahoméen, puisque depuis trente ans il commandait dans le pays.

— Cet après-midi, à trois heures.

— Y pensez-vous ? Le Roi de la Nuit ne sort pas l’après-midi. Tout ce qu’il peut faire, c’est d’arriver entre chien et loup.

On choisit six heures vingt-cinq.

Le soir même nous attendions Sa Majesté dans le jardin du gouvernement.

Un peu après six heures et quart, nous entendîmes un bruit de voix : un cortège montait la grande avenue de la capitale. Le gouverneur Fourn tirait sur sa moustache et me regardait du coin de l’œil. Le cortège se précisa. Sept nègres nus, des grands et des petits, étaient attelés à des brancards, faisant les chevaux. C’était un fiacre qui avançait. Sur le siège, remplaçant le cocher, deux petites noires, poitrine ferme et nue et tenant entre leurs seins l’une un vase d’argent, l’autre un brûle-parfums. À l’endroit où les collignons mettaient leur fouet, un drapeau français. À gauche, la lanterne aux verres peints en bleu était éclairée. Quelques parapluies abritaient le toit de la guimbarde. Tout autour et poussant au derrière, une nombreuse clientèle s’agitait.