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TERRE D’ÉBÈNE

fin, alors ils s’imaginent qu’on les a volés ; les autres s’en tiennent à des vêtements d’enfants, parce que cela coûte moins cher, et ils s’étonnent de ne pouvoir les mettre. À Ouagadougou, trois camions de colis postaux arrivent chaque semaine. Mon boy, lui, voulait un plumeau ! De son doigt, il me montrait l’objet.

— Tu es fou ? Fiche-moi le camp !

Dans l’après-midi, il remit son catalogue sous mon nez, et son doigt sur son plumeau.

— Écris pour moi, dit-il, à mam’zelle Samaritaine !

— Veux-tu me dire ce que tu veux faire d’un plumeau ?

— Pour faire musique.

J’ai cru cette fois qu’il se moquait de moi. Il ne riait cependant pas. Il mima l’usage auquel il le destinait : il avait pris le plumeau pour une clarinette à queue !

Ah ! Birama, mon vieux boy, tu ne laves jamais mon linge, tu as toujours faim, tu mets mon pyjama, mais, à cinq mille kilomètres de ton pays, tu suis toujours sans savoir où tu vas et tu commandes un plumeau pour jouer de la clarinette !