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TERRE D’ÉBÈNE

la recette : faire bouillir et non rôtir. Nous savons aussi qu’un administrateur trouva naguère deux noirs sur la place d’un village, qu’ils attendaient d’être mangés, que l’administrateur les délivra, mais qu’une fois le blanc parti, les deux noirs retournèrent d’eux-mêmes dans la cage pour ne pas désobéir aux dieux. Nous n’ignorons pas que lorsque les Betés attrappent un Peuhl ou deux, c’est toujours un bon festin en perspective. Mais il nous est difficile de prévenir ces sacrifices. Nous ne pouvons que les punir. C’est ce que l’on allait faire à Oumé.

— Regarde, dis-je à Birama, lui montrant les trois sorciers, ce sont tes féticheurs. Ils ont tué une pauvre femme. Le blanc maintenant va les tuer.

Birama ne répondit rien. Il réfléchissait. Les tirailleurs armaient leurs armes. Première décharge. L’un tomba.

Birama me demanda si la femme qu’ils avaient tuée était vieille. Je lui dis qu’elle était vieille.

Deuxième décharge. Un autre tomba.

— Si elle était vieille, c’est qu’elle allait bientôt mourir, m’expliqua Birama, alors féticheurs pas beaucoup crapules.

Troisième décharge. Le dernier tomba.


Ce matin même, Birama entra dans ma chambre.