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TERRE D’ÉBÈNE

— Quoi ? tu n’as pas mangé depuis sept jours ?

— Oui !

Il était gras et frais. Il était même rose !

— Et les soixante francs que je t’ai laissés en partant ?

Il me montra ses achats et fit le compte devant moi : bâton (canne), 9 francs ; musique, 17 francs ; bottines (c’étaient des espadrilles), 11 francs ; boubou, 20 francs.

— Et les trois autres francs ?

Il étendit sa main : une superbe bague de cuivre répondit pour lui.

Il avait mangé, c’était bien sûr. Jusqu’au soir, il répétait : « Moi pas mangé ! » À la fin, je lui lâchai 20 francs. Il disparut. Une heure après, je le vis revenir ; il avait augmenté son équipement d’un parapluie, sous le dôme duquel, majestueusement, il avançait !


On n’aurait pu trouver plus nègre que Birama. En voilà un qui ne reniait pas sa terre et ses morts !

— Viens, Birama ! lui dis-je un jour à Diré, on va acheter des conserves.

On les acheta. Cela fit deux caisses. J’en pris une et je lui dis : « Prends l’autre. » Je partis devant. Près de la maison, je me retournai. Birama était à cent mètres, le parapluie à la main. Qu’a-