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TERRE D’ÉBÈNE

assis devant ma porte, suçant harmonieusement son instrument.

— Quand te décideras-tu à laver mon linge ? lui disais-je.

Il me répondait par un air nouveau qu’il venait de composer. À Ségou, il me demanda cent francs d’avance. Je les lui donnai. Il revint dix minutes après, les cheveux mouillés et dégageant à vingt mètres une odeur considérable. À la main, il tenait un flacon vide, un flacon de bon parfum, Une après-midi viendra ! peut-être ! Il était entré chez le traitant ; montrant du doigt le flacon, il avait dit :

— Combien ?

— Cent francs ?

Les cent francs versés, il avait débouché l’objet de ses désirs et d’un seul coup, dans la boutique, il en avait vidé le contenu sur sa tignasse. À Niafounké, il m’en fit une assez belle. Il continuait de ne pas laver mon linge, faute de savon, disait-il. Chaque matin je lui donnais cinq francs pour acheter ce fameux savon. Je ne revoyais ni les cinq francs ni Birama de la journée. Quand je lui adressais des reproches, il me jouait de sa musique, et tout finissait dans l’harmonie. Je lui apportai donc une belle savonnette verte et lui dis : « Cette fois, hein ! pas de blague. » Le lendemain, pas